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Channel: Chuck Yeager – Florian Rochat
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Un P-51 Mustang pour le prix d’une Coccinelle (ou presque)

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Je ne suis pas un spécialiste de l’aviation, mais j’en suis venu à aimer les avions davantage que les non-pilotes. Des circonstances inattendues (la découverte d’une lettre dans un petit musée du Montana) m’ont conduit à écrire un roman sur fond de guerre et d’aviation, La légende de Little Eagle. Et je suis tombé amoureux du North American P-51 Mustang, modèle D, qui demeure aujourd’hui encore un des plus beaux chasseurs jamais construits. Mon héro, le Premier lieutenant John Philip Garreau, vole à bord d’un Mustang dans les cieux d’Allemagne et de France en 1944. Il connaîtra un destin tragique lors d’une mission au-dessus de la Bourgogne.

warbirdsheritagefoundation.org

Conçu pour parcourir de longues distances, le P-51 D fut déployé en Europe à partir de mars 1944 et joua un rôle majeur dans les campagnes de bombardement de la 8e Air Force américaine sur l’Allemagne nazie. Il était rapide (700 km/h), très manœuvrable, équipé de six mitrailleuses de 12,7 mm., et pouvait être doté de dix roquettes de 127 mm. pour les opérations d’attaque au sol. Plus de 8000 51-D furent produits à Inglewood (Californie) et Dallas (Texas) au prix de 50 000 $ l’unité.

J’ignore combien exactement d’entre eux existent encore aujourd’hui, mais un de ces Mustang en bonne condition se vend à plus de deux millions de dollars. Si vous avez jamais rêvé en acquérir un mais que vos moyens sont un peu limités, vous pouvez peut-être regarder de près une réplique à 70 % d’une firme tchèque qui vous le livrera pour près de 100 000 Euros, hors taxe.

Mais il y eut une époque où vous auriez pu vous payer un P-51 pour le prix d’une Volkswagen Coccinelle, ou à peu près. A la fin de la guerre, l’armée américaine avait laissé derrière elle des tonnes de surplus de toutes sortes à travers l’Europe. Y compris plusieurs centaines de Mustang, et plusieurs armées de l’air du continent en achetèrent. L’Armée de l’air suisse, par exemple, en acquit 130 en Italie pour remplacer ses vieux Messerschmitt Bf 109 et Morane D 3801 au prix de 4000 $ l’unité. D’accord, le taux de change du billet vert contre le franc suisse était six fois plus élevé qu’aujourd’hui, mais tout de même…

Alors que je repensais à cela l’autre jour, je me suis soudainement rappelé la pleine page de pub que Volkswagen publiait vers la fin des années 1950 dans la presse suisse (je vis en Suisse) : une petite photo de la Coccinelle, et, en très gros caractères, son prix : 5555 FS. Prix imbattable pour la concurrence.

Bon, même si le puissant dollar avait déjà commencé sa longue descente par rapport aux autres devises, la Coccinelle était en réalité meilleur marché que le Mustang. Le dollar et le franc suisse étant à peu près à parité alors que j’écris ces lignes, disons que 4000 $ de 1950 pourraient permettre d’acheter une Passat à 25 000 € aujourd’hui.

Cela dit, beaucoup de P-51 D qui étaient restés en service jusqu’au milieu des années 1950 partirent bientôt à la casse, remplacés par des appareils à réaction. Quel gâchis, diront les amoureux des avions d’aujourd’hui ! Si seulement nous avions été là au bon moment !

Mes trois premières voitures furent des Coccinelles. Je n’ai jamais rêvé d’acheter un Mustang – un avion – bien que j’aie rêvé d’avoir une voiture du même nom. Mais j’aime les images de ces « warbirds », ces oiseaux de guerre tellement élégants, et j’aime lire les livres consacrés aux pilotes qui les faisaient voler, comme Chuck Yeager, et j’aime aujourd’hui ces avions encore plus que la Coccinelle hier.

Florian Rochat est l’auteur de « La légende de Little Eagle », un roman sur fond de Deuxième guerre mondiale et d’aviation.

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